Les différents cas d’humidité ascensionnelle que nous sommes amenés à examiner concernent soit des anciens bâtiments dont les maçonneries n’ont pas été pourvues de membranes anticapillaires à la base, soit des bâtiments récents où les membranes anticapillaires et/ou celles destinées au drainage de la coulisse n’ont pas été posées correctement. Dans ce dernier cas, l’eau aboutit sur la membrane anticapillaire et peut remonter par capillarité dans le bloc intérieur. Le recul que nous possédons à présent en matière de traitement de l’humidité ascensionnelle nous permet d’avancer, d’une part, que le système le plus polyvalent et le plus utilisé consiste à injecter des résines hydrophobes et, d’autre part, que l’efficacité de ces traitements est généralement très bonne. Dans quelques cas cependant (applications erronées, notamment), les résultats obtenus ne sont pas pleinement satisfaisants :
Dotée d’un patrimoine particulièrement ancien, la Belgique est fortement touchée par les problèmes d’humidité. Ceux-ci affectent généralement les bâtiments constitués de parois en maçonnerie massive et dépourvus de membrane anticapillaire en pied de mur. Plus d’un tiers des logements existants en Belgique date d’avant 1945. Or, les constructions en maçonnerie comprenant une coulisse d’air et une membrane anticapillaire drainante en pied de mur ne se sont généralisé qu’après-guerre. Les bâtiments construits avant 1945 ont en commun une conception parfois peu compatible avec les notions actuelles de confort et de performances énergétiques. Malgré leur épaisseur, les maçonneries massives anciennes sont à la fois peu isolantes d’un point de vue thermique et sensibles aux pénétrations des pluies battantes. L’absence de membrane d’étanchéité en pied de mur favorise en outre les remontées capillaires d’eau et de sels en provenance du sol. Si les causes d’humidité à l’origine de dégradations et de désagréments dans les bâtiments anciens sont nombreuses, les phénomènes d’absorption capillaire par les maçonneries en contact avec le sol (ou ‘humidité ascensionnelle) y sont particulièrement courants. En effet, ces bâtiments ne comportent pas d’éléments permettant une séparation capillaire entre le sol et les matériaux de construction poreux (une membrane d’étanchéité en pied de mur, par exemple). Comme nous le verrons plus loin, les matériaux poreux absorbent l’humidité lorsqu’ils sont mis en contact avec une source d’eau liquide et sont donc susceptibles de s’imprégner de l’humidité pré- sente dans le sol avec lequel ils entrent en contact. Les phénomènes d’humidité ascensionnelle sont non seulement courants, mais aussi particulièrement gênants, car l’humidité en provenance des terres contient d’importantes concentrations en sels solubles, qui élargissent la gamme des dégradations occasionnées. Ainsi, une intervention contre l’humidité ascensionnelle s’avère nécessaire dans de nombreux cas. Les bâtiments dépourvus de membranes anticapillaires ne sont toutefois pas systématiquement sujets au phénomène d’humidité ascensionnelle. Symptômes observés peuvent également être liés à d’autres causes d’humidité, voire à une combinaison de causes. Dans les bâtiments anciens, l’enjeu sera donc de déceler, d’une part, la présence d’humidité ascensionnelle et la nécessité d’un traitement et, d’autre part, l’existence éventuelle d’autres causes d’humidité à traiter en parallèle.
Utilisés depuis plus de quarante ans, les produits hydrophobes liquides en phase solvant de type ‘white-spirit’, en particulier ceux à base de silanes ou de siloxanes (concentration en matière active de 5 à 10 % environ), se caractérisent par une efficacité et une durabilité éprouvées. Ils provoquent néanmoins d’importants désagréments olfactifs, les quantités de produit injectées dans un bâtiment s’élevant à plusieurs dizaines de litres. De même, les COV émis par ces produits ont un impact néfaste sur la qualité de l’air intérieur et sont donc potentiellement dangereux pour la santé des habitants. Ces différents inconvénients sont d’autant plus gênants lorsque le bâtiment est occupé. Depuis une vingtaine d’années, les solvants white-spirit ‘classiques’ sont ainsi remplacés progressivement par des solvants isoparaffiniques qui dégagent moins d’odeurs. Dans de très rares cas, l’application de produits en phase solvant peut donner naissance à des odeurs prononcées et persistantes, généralement accompagnées d’un développement de moisissures. Il semble que ces problèmes aient différentes origines : utilisation de solvants relativement lourds, exécution d’injections en période hivernale (réticence à ventiler le bâtiment de façon intensive à cette période), existence de points chauds localisés (éléments de chauffage électrique, plaques de cuisson, feu ouvert, etc.) et absence de système de ventilation permanente
Injection de crème humidité ascensionnelle l’injection de produit sous forme de crème ou de gel : le principe est similaire à celui de la méthode précédente, à la différence que les produits sous forme de gel ou de crème ont tendance à se maintenir plus longtemps dans le trou d’injection sans s’écouler par les fissures et les crevasses. Cette caractéristique peut constituer un avantage dans une maçonnerie très hétérogène. L’application de produits sous forme de crème ou de gel peut également être envisagée dans des maçonneries très compactes et homogènes. Dans ce cas, on remplit les trous de forage d’une quantité de produit suffisante, puis on laisse le produit migrer lentement par diffusion dans le matériau.
Également à base de silanes ou de siloxanes en phase solvant ou aqueuse, les produits sous forme de gel ou de crème sont apparus il y a peu sur le marché. Même s’ils sont onéreux, ces produits renferment des concentrations en matières actives importantes (40 à 80 %), ce qui limite les quantités à mettre en œuvre. De plus, ils ne dégagent pratiquement pas d’odeur et des mesures en laboratoire ont montré récemment que leurs émissions de COV sont négligeables. En ce qui concerne les crèmes et les gels en phase solvant, cette réduction des odeurs et des émissions est liée à la nature des solvants employés et au fait que les quantités de produits injectées sont largement inférieures à celles injectées sous forme liquide. Les crèmes et les gels se prêtent particulièrement bien à l’injection de maçonneries extrêmement compactes ou, au contraire, fortement hétérogènes et caverneuses.
Dans le premier cas, l’application d’une quantité de crème très concentrée à l’intérieur des trous d’injection accélère la mise en œuvre, tout en laissant au produit le temps de migrer dans la maçonnerie environnante. Dans le second cas, la viscosité du produit limite la diffusion incontrôlée dans les fissures et les cavités, puisque celui-ci a tendance à se maintenir dans le trou de forage et à diffuser depuis cet endroit vers la maçonnerie environnante. Tout comme les produits liquides en phase aqueuse, les crèmes et les gels ont par ailleurs tendance à migrer moins bien dans des supports (très) humides. Les essais réalisés sur certains produits donnent cependant des résultats très positifs.